top of page

Notre cinquième volontariat : deux semaines de déconnexion au Yukon

Après notre volontariat chez Eva et Émile au B&B Hidden Valley et cinq jours sur les routes du Yukon et de l’Alaska, nous mettons le cap sur notre second volontariat yukonnais, au B&B Traveling Light, situé au sud de Whitehorse. La grande différence avec notre précédent volontariat, c’est que nous ne l’avons pas trouvé sur un réseau type Workaway ou HelpX, mais par le témoignage d’une ancienne PVTiste. Elle racontait sa merveilleuse expérience en tant que volontaire chez la famille Mouchet et les bons moments passés en leur compagnie. Nous ne savions donc pas trop à quoi nous attendre, car aucune règle n’était fixée au préalable. On fonçait un peu tête baissée, avec seulement ce témoignage et les photos du site web du B&B pour nous faire rêver.


Nous intégrons la famille Mouchet, une famille franco-anglaise ayant fait du Yukon sa terre d’accueil et son terrain de jeu où ils pratiquent tous les sports possibles. Philippe est Français ; Amanda est Anglaise, et leurs enfants Bella et Louis sont Canadiens, mais avant tout de purs enfants du Yukon. Tous parlent un anglais et un français impeccables (on n’a pas fait exprès de choisir une famille bilingue, on le jure !). Ici, tout est plus rustique que chez Eva et Émile : il fait plus froid, le confort est moindre et…le wifi est inexistant ! Nous passons donc deux semaines coupées du monde, seulement joignables via l’ordinateur familial, le seul appareil bénéficiant de réseau internet. Retour dans les années 2000 : les enfants (pourtant adolescents) ne passent presque pas de temps sur l’ordinateur, vont se coucher à 21h, lisent des livres et le jeu préféré de Louis est un jeu de société ressemblant au Scrabble (incroyable mais vrai !). C’est d’ailleurs plus une expérience qu’un grand confort que le B&B Traveling Light offre à ses clients : il y a une cabane et une vraie yourte de Mongolie, avec une vue incroyable sur un lac, qu’on croirait d’ailleurs appartenir aux Mouchet tellement le point de vue est extraordinaire et les voisins sont inexistants.




La yourte

La cabane

Benjo Mouchet

Nous sommes logées dans une autre cabane, encore une fois au fond du jardin. Toute en longueur, notre cabane est en fait une ancienne péniche. Nous apprenons à vivre en toute simplicité : pas d’eau courante dans la cabane, les toilettes sont dehors ou dans la maison familiale et la seule source de chaleur vient du poêle qu’il faut savoir gérer et alimenter correctement. Il est temps pour nous d’apprendre à faire un feu : de toute façon, on apprend ou bien on gèle. On se dit que finalement, on a bien fait de faire ce volontariat en avril, pendant l’arrivée du printemps, plutôt qu’en plein hiver.


Notre cabane

Nos missions consistent à gérer le Bed & Breakfast : nettoyer la cabane et la yourte, changer les draps, préparer le petit-déjeuner. Rien de plus facile, d’autant plus que le mois d’avril est un mois très calme pour le B&B. Les clients se font rares mais nous avons l’opportunité de croiser la route d’Américains, de Canadiens et de Français (toujours !). Le contact avec les clients est toujours très agréable – une Québécoise s’est même gentiment transformée en notre chauffeur personnel pour la durée de son séjour. Pour nous tenir occupées, Amanda nous demande également de gérer le jardin post-hiver : couper du bois, ratisser… Mais honnêtement, ce volontariat est un peu la planque et nous avons beaucoup de temps libre. Malheureusement, nous sommes un peu coincées sans voiture et Amanda et Philippe ont besoin de leur voiture pour travailler la journée. Mais ce lieu invite à la méditation et les jours filent sans qu’on s’en rende vraiment compte. Nous sommes dans un lieu hors du temps sans connexion, sans voiture, sans horaire. L’expérience est apaisante et nous force à profiter du moment présent et de cette vue incroyable. Nous avons délaissé notre compte Netflix (à regret, on l’avoue) pour lire sur la terrasse de la yourte en contemplant le lac.



Ces deux semaines au Traveling Light pourraient s’apparenter à une retraite : vivre avec le minimum, coupées du monde. On aurait pu se transformer en ermites si des amis de notre précédent volontariat ne nous avaient pas proposé un week-end à Dawson City, ville phare de la ruée vers l’or, au nord du Yukon. Tout ce qu’on a fait à Dawson, on ne peut le faire qu’à Dawson.

Lors d’un voyage à Dawson City, on ne peut pas échapper à la tradition du Sourtoe cocktail : il s’agit de boire un shooter contenant de l’alcool fort et…un orteil humain séché. La légende veut que le premier orteil eût appartenu à un musher ayant souffert d'engelures lors d'une longue expédition. Il se serait coupé lui-même le gros orteil afin d'éviter que la gangrène se propage, en stérilisant le tout avec du rhum. Ses frères auraient conservé son orteil dans la bouteille de rhum et plusieurs années plus tard, la bouteille aurait été retrouvée dans une cabane abandonnée. Depuis, le Sourtoe Cocktail est devenue une tradition à Dawson ! On le boit uniquement au Downtown Hotel en présence du capitaine qui récite le texte rituel « You can drink it fast, you can drink it slow, but your lips must touch the toe ». Oui, car pendant ces merveilleuses secondes où vous ingurgitez le cocktail, vos lèvres doivent absolument toucher l’orteil. Bon appétit ! Et attention, si vous avalez l’orteil, l’amende est salée. On partage maintenant un diplôme prouvant qu’on fait désormais partie du « Sourtoe Cocktail Club », qui compte avec nous 85297 membres. Oui, ça signifie que 85297 personnes ont bu un cocktail contenant un orteil humain. À Dawson, on ose tout ! On a également osé marcher sur la Yukon River gelée, sans être très sûrs que la glace était encore assez épaisse. On revient au temps de la ruée vers l’or : on loge dans un saloon, on marche sur les traces des chercheurs d’or et on finit au casino.



Et pour nous faire encore plus rêver, les aurores boréales sont de la partie. Elles dansent au-dessus de nous comme jamais auparavant. Nous les frustrées des aurores, on en prend plein les yeux une bonne fois pour toutes.


Ces deux semaines au Traveling Light Bed & Breakfast concluent notre séjour au Yukon. Nous y avons vécu deux expériences totalement différentes : l’une authentique dans une vraie famille yukonnaise, l’autre sauvage dans le silence apaisant du Grand Nord. Presque deux mois passés dans un territoire immense, pur et grandiose. Deux mois durant lesquels Whitehorse est devenue un repère, plus rapidement qu’on l’aurait imaginé. On a aimé arpenter ses rues, se perdre sur ses sentiers de randonnée et rouler sur ses routes sans embouteillage. Ses montagnes, ses habitants et son immensité vont nous manquer. Yukon, tu ne nous as pas déçues. Nous reviendrons !

bottom of page