top of page

Notre quatrième volontariat : dans un B&B au Yukon

J’avais déjà raconté pourquoi nous avions entrepris un long voyage jusqu’au Yukon, à l’autre bout du Canada. Après cette traversée aérienne du Canada, et une arrivée dans l’aéroport minuscule de Whitehorse à minuit, nous découvrons notre nouvel environnement pour le mois à venir : le Bed & Breakfast Hidden Valley, situé à une vingtaine de minutes de la ville – assez proche pour rester près de la civilisation, assez loin pour en être tranquilles. Pour arriver au B&B, nous empruntons la mythique Alaska Highway, longue de plus de 2000 kilomètres et construite en un temps record de huit mois en 1942, lorsqu’une liaison avec l’Alaska a été jugée indispensable pendant la guerre après l’attaque de Pearl Harbor. Nous logeons dans une cabane au fond du jardin, au milieu des arbres, sans aucune connexion internet – into the wild !


Bienvenue à Hidden Valley Bed & Breakfast !


Notre cabane, coupée du monde

La vue depuis la maison : une vue normale au Yukon !

Nous découvrons également notre entourage : nos hôtes sont Eva et Émile, qui ne sont certes plus dans la fleur de l’âge mais qui restent néanmoins hyperactifs et fêtards (bien plus que nous !). Eva nous impressionne par le nombre de cordes qu’elle a à son arc : chanteuse, excellente cuisinière et ancienne restauratrice, jardinière de renom, mère de quatre enfants, grand-mère de treize et arrière-grand-mère de trois ! Son mari Émile est plus en retrait que la diva Eva, mais son sourire révèle parfois bien plus que ses mots. Tous deux sont de plus les heureux propriétaires du 98, un bar-hôtel qui nous plonge dans les heures glorieuses de la ruée vers l’or par son ambiance plus vraie que nature. Rentrer dans le 98 est un véritable voyage dans le temps et ce n’est pas pour rien s’il est nommé après l’année phare de la ruée vers l’or du Klondike.


La famille XXL d’Eva et Émile est liée par un lien indéfectible. Elle se réunit plusieurs fois par semaine en suivant rigoureusement un calendrier bien défini : le vendredi, toute la famille est invitée chez Brenda, leur fille, le dimanche soir est la grande réunion familiale, et il y a toujours un soir dans la semaine où la famille est la bienvenue. Le B&B est le cœur vibrant de ces fréquents dîners de famille animés – dîners où, il faut le dire, on ne sait jamais trop où se mettre. Pourtant, on a un peu l’impression d’être dans le monde des Bisounours, tout le monde s’aime, aucune tension n’est palpable à la table familiale. Au milieu de tout cet amour, les deux petites Françaises font un peu tâches ! En plus, l’accent yukonnais est totalement différent de celui qu’on entendait en Ontario, il est beaucoup moins clair et articulé, ce qui ne facilite pas la conversation au milieu du brouhaha de cette grande famille. D’ailleurs, la conversation avec Eva et Émile est plutôt compliquée car mauvaise audition et accent français ne font pas bon ménage... Cette grande famille a le sens de l’hospitalité ; c’est même la raison pour laquelle Eva a ouvert ce Bed & Breakfast en 2004 en transformant sa maison en chambres d’hôtes qui ravît les papilles de ses invités avec ses délicieux petits déjeuners. On apprend petit à petit le mode de vie yukonnais où il est normal d’improviser une chanson à la guitare autour de la table et où la chasse est une activité de famille commune : on chasse le « moose » (l’orignal) qui nourrit toute la famille pour une année entière. Bref, qu’on le veuille ou non, on est emporté dans le tourbillon de cette famille délirante ! Le premier soir, on est invité à participer à « l’Aurora Dance » avec les petits-enfants d’Eva, pour encourager les aurores boréales à se manifester.


La danse de l'aurore, ou comment commencer un volontariat sur les chapeaux de roue

Comme Eva aime le rappeler, c’est Mère Nature qui décide quand elle va danser pour nous. Les aurores boréales sont une petite déception pour nous, puisque ce n’est pas du tout ce à quoi on s’attendait. En effet, tout ce qu’on voit sur les photos d’aurores boréales n’est qu’une grande arnaque visuelle : comme l’appareil photo capte quelque chose qui est invisible à l’œil nu, les aurores sont plutôt un phénomène terne à voir de ses propres yeux. Il ne faut pas s’attendre à voir un spectacle magique dans le ciel, dansant et coloré, mais une lueur ténue dans les tons verts. Et il faut s’armer de patience, puisqu’on ne sait jamais à quelle heure elles vont apparaître, 21h, minuit, ou bien 2h du matin ? À cause de ça, on a été plutôt frustrées d’apprendre certains matins qu’une aurore magnifique était apparue pendant la nuit, à 2h30… Entendons nous, les aurores boréales restent un phénomène très très agréable à observer et le ciel étoilé est d’une beauté sans pareille. On a pu admirer des aurores plusieurs fois, cependant jamais très lumineuses ou dansantes.




Le paysage de jour est également incroyable. Lors de notre premier trajet en voiture de jour au Yukon, nous étions comme sur un petit nuage, comme si nous n’avions pas encore tout à fait atterri. Au lieu de faire la conversation dans la voiture, nous n’avions qu’une envie : se taire et profiter du paysage qu’on découvrait et qui se dévoilait sous nos yeux. Rouler sur cette route infinie et remplir nos yeux de cette étendue blanche immense.


Le B&B Hidden Valley a pour philosophie « Mi casa es tu casa » et a un peu des airs d’auberge espagnole. Des voyageurs du monde entier vont et viennent et remplissent ses quatre chambres. Jusqu’ici, on a pu discuter avec des Mexicains, écouter le concert de piano matinal d’un Singapourien, attendre les aurores boréales avec une Argentine, se faire offrir une bouteille de vin par une Canadienne (le monde à l’envers pour des Français ?), se rendre compte avec des Français que notre prochain volontariat est le même… (liste non exhaustive).


Notre premier petit-déjeuner réalisé par nos soins (et validé par les clients)

Notre travail dans le B&B consiste principalement à faire le ménage dans les chambres, préparer l’arrivée des clients, aider à l’entretien de la maison et à la préparation du petit-déjeuner. Mais nos tâches varient et Eva est pleine d’idées farfelues pour nous tenir occupées : peindre des baguettes murales, aller en ville acheter du parquet, faire la cuisine pour 18 personnes (l’occasion d’apprendre quelques recettes typiques !). Car pour les vacances scolaires, nos hôtes sont partis en camp pendant deux semaines, à la yukonnaise, c’est-à-dire dans un endroit seulement accessible en hydravion on en motoneige, où ils doivent apporter toutes les provisions alimentaires (pas moyen de trouver une épicerie au milieu de nulle part). Deux semaines et demi après notre arrivée, on se retrouve donc seules avec Joanne, l’employée québécoise du B&B, un moulin à paroles qui a deux activités favorites : se plaindre et raconter sa vie. Ou comment ce volontariat nous aura appris la patience.


Heureusement, dans ce terrain de jeu géant qu'est le Yukon, il est impossible de s’ennuyer. Le Yukon est pour nous le lieu des premières fois : la première aurore boréale, la première fois qu’on a marché sur un lac gelé, la première fois qu’on a mangé de la viande de moose, la première fois sur une motoneige, la première fois où on a fait du chiens de traineau… À peine arrivées, nous avons été plongées dans l’ambiance déjantée du Yukon lors du festival Sourdough Rendezvous. Au programme : concerts, concours de lancer de hache, de tronçonneuse (ils sont fous ces Yukonnais !), French cancan, défilé d’animaux.



Notre expérience au Yukon, en quelques événements marquants :


- Visite de la réserve faunique Yukon Wildlife Preserve


- Relaxation dans les sources d’eaux chaudes des Takhini Hot Springs


- Ski de piste au Mont Sima




Sur notre visage se lit : "ouaaais on est seules sur les pistes !"

- De la motoneige sur un lac gelé


Parés au décollage !

Faire de la motoneige = avoir très froid = couper du bois à la canadienne pour faire un feu = ne pas y arriver mais se réchauffer en essayant

- Une balade en chiens de traineau mémorable





- Des randonnées en n'en plus finir, à la découverte des joyaux de Whitehorse


Dans un territoire « larger than life », il est difficile de tourner en rond !

bottom of page