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Les volontariats, à la croisée des cultures

Qu’ils soient appelés Woofing, HelpX ou Workaway, les volontariats ont tous le même principe : mettre en relation des voyageurs et des hôtes, pour échanger quelques heures de travail contre gîte et couvert. Et ils ont tous une chose en commun : l’échange, le partage. Nous avons effectué sept volontariats à travers le Canada, et chacun était à chaque fois très différent du précédent. Le volontariat représentait pour nous un moyen économique de voyager car nous avons pu séjourner sur le long terme dans des endroits que nous n’aurions certainement pas pu fréquenter en tant que simples touristes. Mais le volontariat est bien plus qu’un moyen de faire des économies : c’est une manière de vivre le voyage au long cours, centrée sur l’échange et l’ouverture à de nouvelles cultures. Le volontariat nous fait sortir de notre zone de confort, chamboule nos certitudes et notre mode de vie et nous bouscule pour le meilleur et pour le pire. Il nous inspire, nous enrichit et finalement nous change à jamais. C’est loin d’être des vacances sur le long terme ; c’est parfois se lever le matin sans avoir envie de faire des lits, plonger ses mains dans la terre, ou bien ramer à former une phrase cohérente en anglais, la fatigue du soir venue. Mais le jeu en vaut tellement la chandelle : il nous a permis de rencontrer de nombreux Canadiens, d’expérimenter des activités et des modes de vie différents, et de pénétrer dans des univers inconnus. S’immerger dans la culture locale, acquérir de nouvelles connaissances pratiques, parfaire ses compétences linguistiques, être inspiré par des parcours de vie insolites, la liste des bénéfices du volontariat est infinie. Ce n’est pas pour rien si les volontariats deviennent si populaires et sont d’ailleurs des carrefours de voyageurs, des endroits de rencontre et de partage de volontaires de toutes nationalités.


Les volontariats sont imprévisibles et nous n’avons aucun moyen de savoir quelle route nous allons emprunter avec eux avant d’arriver. C’est finalement ce qui fait leur force et leur intérêt. Ils rendent l’aventure excitante et un brin effrayante, de toujours être dans l’incertitude de ce qu’on va y trouver. Car même si les tâches ou la localisation sont expliquées dans l’annonce du site web, le rapport humain, lui, est imprédictible et reste l’affaire de personnalités et de mentalités. Et c’est peut-être ça le vrai challenge des volontariats : savoir prendre sur soi, mettre en parenthèses ce qu’on connaît et ce qu’on croit savoir pour s’ouvrir à l’autre, le comprendre et en tirer des enseignements. L’échange non financier rend les rapports humains peut-être plus spontanés et authentiques. Le déroulement de cette expérience est un peu au petit bonheur la chance : certains hôtes sont accueillants dès le premier instant, d’autres sont plus fermés, ou plus affairés, ou la période est plus compliquée pour eux. Il faut savoir composer avec tous ces éléments et comprendre que débarquer dans la vie de quelqu’un sans le connaître au préalable est un travail qui doit se faire sur la durée, le temps de s’apprivoiser mutuellement.


Grâce aux volontariats, nous avons fait des rencontres extraordinaires. Avec sept volontariats au compteur, nous n’avons pas eu de mauvaise expérience, au contraire, mais des différences de feeling, ce qui est, je pense, très humain. Ils nous ont tous mené vers des aventures différentes, d’une province à l’autre, d'un océan à l'autre, de l’Ontario en Colombie-Britannique, en passant par le Québec et le Yukon. Ils nous ont donné l’opportunité d’aller à la rencontre des Canadiens, qu’ils le soient depuis plusieurs générations, depuis plusieurs années ou fraîchement immigrés. Ils nous ont tous donné la preuve qu’il fait bon vivre au Canada, et que quand on y est bien, on y reste. Stewart, Nancy et Laura en Ontario, Brandie au Québec, Eva, Emile, Amanda et Philippe au Yukon, Terri, Jo, Anette et Jorg en Colombie-Britannique : toutes ces personnes rencontrées ne sont pas représentatives des Canadiens en général, mais ils nous en ont certainement donné un bel aperçu. Le Canada est tellement immense que malgré le nombre de kilomètres parcourus, nous ne pouvons pas avancer que nous connaissons le Canada, ni même les Canadiens. Mais c’est à travers les yeux de ces Canadiens rencontrés à l’occasion d’un volontariat que nous avons découvert ce beau pays. Ils nous ont fait entrer dans leur Canada à eux, nous ont donné leur vision du pays, une vision intime et locale, qui n’est pas celle de tout le monde ni même des guides de voyage. Avec eux, nous avons découvert des coins dissimulés à de simples touristes. Grâce à eux, nous sommes passés du statut de touristes à celui un peu flou de voyageuses, un statut entre touristes et immigrées. Certains nous ont appelées « friends », d’autres « helpers », ou bien « two ladies from France ». Mais tous nous ont accueillies chez eux, ont partagé leurs repas avec nous et un bout de leur vie. Ils nous ont présenté à leur famille et amis et ont donné un sens à notre voyage. Ils ont valorisé nos forces et compris nos limites, et nous ont toujours fait confiance facilement. J’écris cet article pour remercier ces gens-là, pour leur confiance, le savoir qu’ils nous ont transmis, le petit bout de vie qu’ils ont partagé avec nous, et l’inspiration qu’ils m’ont finalement donnée pour la suite. C’est en partie ces expériences de volontariat que nous retiendrons de cette année au Canada, les bons moments comme les mauvais, les belles rencontres, les situations incongrues et les personnalités inspirantes.


Voyager au Canada en PVT avec un V comme Volontariat (et non pas comme Vacances) aura été un moyen de s’enrichir humainement et de découvrir un Canada local, hors des sentiers battus, au contact direct de ceux qui l’habitent, et de ceux qui sont les mieux placés pour en parler.



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