top of page

Les quatre saisons au Canada

Après dix mois au Canada, nous avons vu défiler les quatre saisons : les couleurs d’automne, le grand froid d’hiver, le renouveau printanier et la chaleur estivale. Chaque saison a ses particularités et a été ressentie différemment selon la région où on se trouvait. Après avoir expérimenté chacune d’entre elles, il est temps de faire le bilan et de déconstruire le mythe de l’hiver canadien insurmontable.


L’automne, aux mille et une couleurs


L’automne est la saison pendant laquelle nous sommes arrivées au Canada, en octobre. L’automne avait déjà commencé et les arbres du Québec, les bouleaux et érables, étaient revêtus de leurs plus belles couleurs avec des nuances de rouge, d’orange et de jaune, comme si la forêt était en flammes. Malheureusement, bien que les couleurs soient sublimes, le temps n’était pas toujours très clément et la pluie rythmait nos journées. On cherche toujours le fameux « été indien », courte période pendant laquelle la nature offre un dernier soubresaut d’été avec un temps doux et ensoleillé.


L’automne est une saison en deux temps qui commence par des couleurs flamboyantes et qui se conclut par la chute des feuilles annonciatrice de l’hiver. C’est en effet un avant-goût de l’hiver et les Canadiens font leur provision de bois pour être au chaud pendant la rude saison qui s’annonce. C’est également la saison des premières neiges et le début des températures négatives, qui varient chaque année et qui prennent toujours par surprise. Cette année, les premières neiges, suivies des températures négatives, se sont manifestées en novembre. L’hiver était là et, préparées ou pas, nous n’avions pas d’autre choix que de l’affronter.




« L’insurmontable » hiver


Quand on part au Canada, on entend très souvent parler du froid insoutenable et de l’hiver interminable. Comme les températures très négatives sont plutôt rares en France, l’hiver canadien est vu par les Français comme une épreuve où les plus frileux souffrent pendant de long mois. On est alors parti au Canada avec une grande question dans le coin de la tête : « Nous, grandes frileuses, allons-nous supporter les températures extrêmes du Canada ? » Contre toute attente, l’expérience a été plutôt agréable pour nous. Si nous avons survécu, particulièrement au froid du Grand Nord, tout le monde peut alors le faire. N’ayant pas expérimenté l’hiver dans toutes les provinces du Canada, je pourrais seulement parler de celles que j’ai visité : le Québec, l’Ontario et le Yukon. La grande différence entre le Québec/l’Ontario et le Yukon est l’humidité : le froid est humide au Québec et en Ontario alors qu’il est sec au Yukon, et cette différence change tout au niveau du ressenti !


Mais comment survivre au froid canadien ? Voici une question que nombre de Français se posent quand ils n’ont jamais vécu les températures très négatives. Quelques règles sont à suivre pour bien vivre son expérience du grand froid au Canada et, étonnamment, il est bien plus supportable qu’on ne le pense.


· Acheter son matériel d’hiver au Canada, plus adapté aux conditions climatiques.

On ne porte certainement pas la même doudoune en France et au Canada ! Doudoune, gants, bonnets, écharpes, bottes d’hiver, pantalon de ski : les conditions étant extrêmes, il faut investir dans toute une panoplie de vêtements pour résister aux températures négatives.


· La fameuse « technique de l’oignon » est de rigueur.

Une fois l’équipement acheté, il faut savoir l’utiliser à bon escient : on accumule les couches de vêtements pour mieux les enlever au fur et à mesure. On a d’ailleurs été très étonnées de constater que quand on faisait un effort physique, les -20°C ne nous empêchaient pas d’avoir très chaud et d’enlever plusieurs couches. La clé est de rester actif et de bouger car l’immobilisme est mortel et c’est à ce moment là que le froid mord sévèrement. L’attente interminable du bus à Gatineau, au Québec, ne nous a d’ailleurs pas laissé de bons souvenirs… Il y a donc une règle d’or à respecter impérativement pour survivre : bouger !


Tout cela ne vous fait pas rêver ? Eh bien, l’expérience du grand froid est revigorante et dans le cas du Yukon où le froid est très sec, on sort sans problème à condition d’être bien couverts (mais pour les plus faibles, l’hibernation reste une solution envisageable.)




Et sortir sous -30°C, concrètement, ça fait quoi ?

C’est tousser à la toute première inspiration, avoir les poils de nez qui gèlent à chaque respiration, l’écharpe et les cheveux de devant qui deviennent blancs, et les joues rouges de froid. C’est sentir le soleil réchauffer son visage, et malgré tout en redemander. Après un hiver passé au Canada, on peut définitivement dire qu’on préfère les -20°C yukonnais aux 0°C français. Oui, le Canada nous a bien changées !


Au Yukon, l’hiver s’est terminé bien plus tôt que d’habitude, en avril, et toute la neige a fondu en seulement quelques jours. Si bien que, l’hiver s’éclipsant prématurément, on a pleuré cette neige partie trop tôt alors que les Canadiens étaient ravis de voir le printemps arriver si vite. Ce réchauffement prématuré n’est d’ailleurs pas normal, surtout quand on constate que les températures du supposé « Grand Nord » en avril étaient similaires aux températures moyennes en France.



Le printemps, saison de tous les possibles


Au printemps, la nature reprend ses droits. La neige fond, et ce n’est pas une période très agréable. Ce qui était caché sous la neige refait son apparition - l’occasion de découvrir quelques surprises enfouies. Le paysage est dans un entre deux, entre neige et terre, et la boue est maîtresse des lieux.


Le printemps est une saison intermédiaire entre hiver et été, où tout est possible. À Dawson City, au Yukon, nous avons marché, pas très confiantes, sur un lac « gelé » en avril, qui a craqué quelques jours après notre passage. Dans les Rocheuses et à Calgary, nous avons eu un regain de neige en mai. La saison touristique dans les Rocheuses ne commence pas avant début juin, car les lacs sont généralement gelés jusqu’à fin mai/début juin, ce qui ne rend pas les sites touristiques très praticables.


Le printemps sonne la fin de l’hibernation, à la fois pour les humains et pour les animaux. Les ours se réveillent alors de leur long sommeil hivernal… On ressort les habits légers, tout en gardant polaires et doudounes à portée de main.



L’été, bien-aimé mais fugace


L’été est la saison tant attendue pour les Canadiens. Pourtant, elle est bien éphémère… L’été peut-être très chaud dans certaines régions, telles que la vallée aride de l’Okanagan en Colombie-Britannique, comme très frais, dans les Rocheuses par exemple où l’air de montagne ne fait pas monter les températures très hautes.


C’est la saison où les amoureux du plein air s’en donnent à cœur joie : randonnée, kayak, canoë, vélo, rafting, etc… Après un long hiver d’hibernation, tous les moyens sont bons pour se rattraper et profiter des grands espaces canadiens.


Parler du climat du Canada en général relève de l’impossible, car il faut prendre en compte ses multiples facettes, son immensité et ses différentes zones géographiques. Dès lors, il est difficile de répondre à la question « Alors, il fait froid au Canada ? ». Je dirais alors seulement qu’il faut faire l’expérience des -30°C au moins une fois dans sa vie, pour connaître cette sensation…

bottom of page