Après avoir quitté Edmonton, destination finale de notre road trip dans l’Ouest canadien, nous remettons le cap sur l’Okanagan Valley que nous avions traversée quelques jours plus tôt en famille. Caractérisée par sa chaleur et son aridité (ici, on attend la pluie plus qu’on ne la redoute), l’Okanagan Valley est également la région fruitière du Canada. Et qui dit fruits, dit cueillette de fruits ! Des jeunes du monde entier viennent faire du « fruit picking », de la cueillette dans les multiples vergers de l’Okanagan Valley. Nous avons préféré nous tourner vers un volontariat pour éviter le côté industriel et parfois abusif de ce travail. Nous avions trouvé ce volontariat lorsque nous étions encore au Yukon sous des températures négatives, en rêvant aux bons fruits frais que nous allions pouvoir manger une fois l’hiver fini.
C’est ainsi que nous avons débarqué chez Terri et Jo, un bel et chaud après-midi de juin, dans leur maison située à 28 kilomètres du village le plus proche, au nord de l’Okanagan Valley. On peut difficilement faire plus isolé, mise à part notre cabane située à plus de 300 mètres de leur maison (autant dire que la notion même de wifi est inconcevable). Leur charmante maison en rondins de bois, coiffée de bois d’orignal, se trouve dans un cadre idyllique : en plein cœur de la forêt, sans voisin aux alentours, et du vert tout autour. Seuls les murmures des oiseaux – et le klaxon du tracteur de Jo, viennent combler le silence de ce havre de paix. On y trouve même de la lavande, une odeur bien familière qui nous fait nous sentir chez nous.
Terri et Jo vivent en harmonie avec la nature avec un chien, un chat, des poules, des cochons, des vaches et des abeilles. Et ils ont un credo : tout ce que nous mangeons provient de notre jardin. Une de nos tâches a ainsi été d’entretenir leur immense jardin, verger et potager. La saison des fraises est à son apogée : des fraises bien rouges, bien juteuses, gorgées du soleil tapant de l’Okanagan Valley. Tous les jours, nous en faisons la cueillette dans le champ si étendu qu’il nous faut plus de deux heures à deux pour en venir à bout.
C’est encore une expérience typiquement canadienne qui nous attend chez Terri et Jo. Alors que Terri, calme et posée, préfère passer son temps dans son jardin ou avec les animaux, le passe-temps favori de Jo est de couper des arbres… Ancien bûcheron reconverti en avocat, il nous entraîne dans sa folie un beau matin quand il nous interroge : « Are you strong ? ». On lui répond que nos bras ne sont pas si musclés, mais rien n’y fait : nous l’aiderons à construire une clôture pour les vaches. On joue donc aux apprenties bûcheronnes au son de sa tronçonneuse en l’aidant à transformer des troncs d’arbres en poteaux. Nos muscles sont rudement mis à l’épreuve quand il s’agit d’enfoncer ces poteaux dans le sol… Quelques heures de musculation plus tard, la nouvelle clôture faite main est prête !
Ces deux vrais Canadiens n’ont décidément pas froid aux yeux… Quand leurs abeilles sortent de la ruche pour former un nouvel essaim dans un arbre, Jo préfère couper l’arbre pour remettre les abeilles dans la ruche (quand je vous dis que couper des arbres est une vraie passion pour lui…). Quant à Terri, elle se baigne dans une eau à 12°C sans même hésiter.
Hormis l’épisode de la clôture, on ne se tue pas du tout à la tâche et la chaleur intense est un bon prétexte pour partir découvrir les environs, se baigner dans la rivière, ou encore profiter du hamac du jardin. Et entre le tracteur, la tronçonneuse et la visite d’un ours pendant la nuit, il ne manque plus que qu’un tour en kayak pour compléter le tableau canadien : pour notre toute première sortie en kayak au Canada, Terri nous emmène au lac Mabel.
Après tout ce temps à rêver du soleil d’été, de sorties en kayaks sur un lac et de cueillette de fruits, nous sommes comblées avec ce sixième volontariat. Du soleil, des fraises et une douce oisiveté, l’apaisement est total et l’été peut enfin commencer !
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