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Notre septième volontariat : une immersion au cœur de l’agitation d’une distillerie

Je vous avais déjà parlé de l’Okanagan Valley, de son climat unique, de ses fruits et de ses vins. Mais je n’avais pas mentionné ses spiritueux, et plus particulièrement ceux de la distillerie Maple Leaf Spirits où nous avons passé deux semaines en compagnie de la famille Engel, pour notre septième et dernier volontariat au Canada. Nous passons du nord au sud de l’Okanagan Valley, et de l’isolement le plus total à la partie la plus touristique, dans la ville de Penticton, sur la route des vins où s’enchaînent les vignobles et quelques rares distilleries. Cette région a des airs de Côte d’Azur à la canadienne : située entre le lac Okanagan et le lac Skaha, elle attire les riches touristes du monde entier venus faire le tour des vignobles en belles voitures (parfois même en hélicoptère) et profiter du climat clément.




Jorg, Anette et leurs trois enfants, originaires d’Allemagne, ont immigré au Canada en 2001. Ils ont depuis ouvert la distillerie Maple Leaf Spirits au prix de nombreux efforts. Celui de l’immigration d’abord, car il n’est jamais facile de changer de pays et de devoir redéfinir tous ses repères (culturels, linguistiques et sociaux), particulièrement avec trois enfants en bas âge. Mais le rêve de Jorg de venir vivre au Canada et d’y distiller ses propres alcools était plus fort que tout. Celui de la législation ensuite, car Jorg et Anette ont été des pionniers dans le domaine de la distillerie artisanale dans la province de Colombie-Britannique. Cela impliquait de créer une législation adaptée spécifiquement aux distilleries, ce qui n’a pas été facile compte tenu de la méconnaissance des Canadiens sur les spiritueux. C’est d’ailleurs pour eux un défi de tous les jours que d’expliquer aux Nord-Américains ce qu’est une liqueur (le mot n’est pas français pour rien), un « kirsch » ou un « Brandy » et qu’ils l’apprécient assez pour s’en offrir. Jorg est le maître distilleur, l’artisan, tandis qu’Anette gère le marketing de la distillerie. Jorg distille des spiritueux à base de fruits de la vallée, des liqueurs (de cerise pour la plus célèbre, d’érable pour la plus locale, mais aussi de pêche et de poire) et des eaux-de-vie. Depuis la création de Maple Leaf Spirits, ils ont reçu plusieurs prix internationaux récompensant leurs produits, et on soupçonne Jorg de posséder un don du goût, telle l’oreille absolue de certains musiciens.


Travailler dans une distillerie a été une expérience unique car nous avons intégré un univers méconnu. Pendant que Jorg et Anette accueillaient les clients dans la salle de dégustation tous les jours de 11h à 18h, nous avons participé à l’étiquetage des bouteilles de Brandy (l’équivalent du cognac français) et au pliage des cartons de la « Spirited Trilogy » où seront rangées des bouteilles de liqueurs. Nous avons ainsi amené notre pierre à l’édifice de ce long processus de distillation, de la production à la vente. Le samedi matin, nous avons tenu un stand sur le marché de Penticton pour faire déguster les liqueurs d’érable et de cerise aux passants et inciter les clients à aller visiter la distillerie.





Sur leur grand domaine composé de leur maison, de la salle de dégustation et de la distillerie, Jorg et Anette possèdent également des vignes. Ils vendent leur raisin à plusieurs vignerons du coin et en gardent le marc qui entre dans la composition de certaines eaux-de-vie. Ces multiples hectares de vignes nécessitent donc un entretien régulier auquel nous avons participé. L’été est la saison du « relooking » des vignes avant les vendanges d’automne. Toutes ébouriffées et en désordre à notre arrivée, elles sont désormais rangées et rien ne dépasse de la clôture.



Notre séjour à Maple Leaf Spirits nous a permis de retrouver un rythme européen qui nous avait manqué au Canada : prendre son temps pendant les repas, discuter sans se presser autour d’un café, déguster de bons fromages, des petits détails insignifiants qui façonnent en partie l’identité européenne. Quand certains Canadiens nous disaient « I have (never) been to Europe », nous sourions mentalement en pensant que contrairement aux Nord-Américains, l’Europe est loin d’être pour nous un tout unifié. Nous avons cependant pris conscience d’une culture européenne en commun en voyageant loin d’Europe et en vivant en compagnie d’Allemands.


Anette, Jorg, et le reste de leur famille, nous ont de plus réellement intégré dans leur vie familiale et nous ont confié leurs joies et leurs peines. En plus de nous partager leur passion et leurs connaissances sur les spiritueux, ils nous ont fait découvrir leur contrée d’adoption, nous poussant toujours à aller explorer les environs. Chaque membre de la famille nous a invitées à découvrir son univers : Jorg nous a initiées à la dégustation d’alcools, Anette nous a montré son havre de paix à la montagne qu’elle a partagé avec nous le temps d’un week-end déconnecté de l’animation constante de la distillerie, et nous avons mis la main à la pâte pour leur fille Anika qui venait d’acheter une maison et qui avait besoin d’aide pour la peinture.



Malgré l’arrivée de la haute saison dans la très touristique Okanagan Valley, c’est ressourcées que nous avons quitté ce dernier volontariat où nous avons trouvé une expérience unique et des personnalités au grand cœur. Nous reprenons la route, car la fin de notre voyage approche et le Canada a encore bien des paysages à nous dévoiler !

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