Après nos deux semaines mouvementées de road trip, nous posons nos sacs à dos dans le sud-ouest de l’Ontario, à 2h30 de Toronto, dans la ferme The Lone Elm, un peu au milieu de nulle part, au milieu des champs, du vert et des fermes. Un HelpX nous amène dans ce coin-là du Canada, dont le concept est de travailler en moyenne quatre heures par jour, en échange d’un toit et de nourriture – ou plus si affinité ! Nous avons en effet rencontré non pas de simples hôtes chez qui nous avons vécu pendant deux semaines, mais deux hôtes passionnés et passionnants avec qui nous avons vécu une vraie expérience canadienne. Ce fut un échange culturel et linguistique, et une immersion en terre ontarienne.
Une fois arrivées à The Lone Elm, il est temps pour nous de vivre au rythme de nos hôtes Stewart et Nancy et de commencer à travailler ! Je revêts mon bleu de travail, et Angélique sa tenue de prisonnière (photos à l'appui). Notre objectif pour ces deux semaines est de préparer l’arrivée de l’hiver et d’organiser tout le bois pour le chauffage. Et ce n’est pas une mince affaire… L’équivalent de huit énormes remorques de bois à transporter et à ranger ! Mais l’équation travail/corvée ne s’applique pas ici et le mot « travail » a un autre sens : le fait de travailler ensemble, dans une atmosphère détendue et bienveillante, change la donne. Stewart, passionné par les langues et notamment par le français, nous a énormément aidé à améliorer notre anglais à travers ses histoires, ses anecdotes, et nos discussions tout en travaillant (autrement dit des leçons d’anglais qui n’en avaient pas l’air).
Lorsque nous ne portons pas le bois, nous conduisons le tracteur avec sa remorque, en marche avant…et en marche arrière. Les manœuvres en marche arrière avec la remorque sont un vrai casse-tête : pour aller vers la droite, il faut tourner le volant à gauche, et vice versa, de quoi vous retourner le cerveau. À côté de cette mission-là , un créneau en voiture est presque un jeu d’enfant.
La hache n’a également plus de secrets pour nous… D’abord anxieuses à l’idée d’utiliser cet outil tranchant digne d’un film d’horreur, nous avons finalement adoré ça : très pratique pour tester sa dextérité et sa précision, c’est aussi le meilleur défouloir !
Au cours de ces deux semaines, nous nous sommes immergées dans la culture canadienne, parfois directement, parfois indirectement. Au musée d’Owen Sound, ville la plus proche de la ferme, nous avons découvert l’histoire de la région, tandis que nous nous sommes confrontés directement à cette culture lors du marché et d’une vente aux enchères d’animaux. C’était une rencontre avec le Canada profond, le Canada des cow-boys et des farmers. L’expérience n’est en rien comparable avec ce que nous avons pu vivre auparavant. Le commissaire-priseur version fermier s’adonne à une sorte de chant qui ressemble à du rap mélangé à de la musique country (mais c’est en fait l’énoncé du prix). Une formidable performance vocale en tout cas !
Nous avons aussi rencontré une partie de la famille de Stewart, une famille d’artistes qui compte de multiples talents. Avec une sœur musicienne et une sœur écrivaine, nous avons passé une soirée en musique avec l’une (durant laquelle nous avons essayé d’honorer la gastronomie française en étant aux fourneaux), et nous sommes reparties avec un roman écrit par l’autre.
En dehors de nos heures de « travail », Stewart a pris plaisir à nous faire découvrir les joyaux que cette région renferme. Nous avons parcouru de nombreuses parties du Bruce Trail, sentier qui traverse l’Ontario d’Ouest en Est, jusqu’aux chutes du Niagara. Nous avons visité le Bruce National Park, où nous avons admiré des falaises spectaculaires et les eaux turquoises de la Baie Georgienne. Stewart nous a même guidé dans des grottes secrètes – dont une vraiment cachée, où seuls les initiés peuvent accéder.
Nous avons quitté avec regret ce logement confortable et accueillant, comme ses locataires, même les plus poilus, puisqu’un autre HelpX nous attend…
